La géologie au service des armées - Les tunnels sous-minant les plateaux - Drame Amory à Vingré - La ferme d'avant-guerre à nos jours -

 

La géologie au service des armées

Les soldats ont pris possession des carrières de calcaire de 1914 à 1918

Creusées par les carriers pour l'extraction de la pierre à bâtir, les carrières sous-minent les plateaux bordant la vallée de l'Aisne.

Cette vallée constitue un couloir de circulation Est-Ouest, autant qu'un obstacle Nord-Sud, enjeux des armées franco-allemande

Le rebord du plateau (130m d'altitude) de Confrécourt, vu depuis la N31 (50m d'altitude), au carrefour de la D17 vers Port-Fontenoy au lever du  soleil (cliché 2018)

 

Les tunnels sous-minant les plateaux

Creusés par les soldats sur les versants abrités de l'Oise et de l'Aisne pour créer un espace de cantonnement, de stockage de munitions, de communications protégées des regards et des bombardements, ou un point de départ de la guerre des mines, certains tunnels de l'Oise ont pu être proposés à la visite de nos membres associatifs en 2012, du moins pour certains tronçons stables.

 

Drame Amory à Vingré

Drame de l'occupation à la ferme du prieuré de Vingré, chez la famille Amory

Texte figurant sur le panneau explicatif refixé en septembre 2016 sur le portail du jardin privé de Vingré où reposent les victimes de la famille Amory.

M. Léopold Amory, cultivateur à la ferme du prieuré Saint-Blaise à Nouvron-Vingré, était âgé de 43 ans au début des hostilités. Le 12 septembre 1914, la bataille de la Marne est gagnée, les Allemands se sont terrés dans les carrières de la rive droite de l’Aisne et sur le plateau plus au nord.

Le 13 septembre, au lever du jour, 8 cuisiniers allemands viennent s’installer à la ferme de M. Amory. Ils doivent préparer les repas des Allemands établis dans les tranchées voisines. Entre temps, ils commencent par s’abreuver du meilleur vin de la cave, puis défoncent les tonneaux de cidre.

Vers 10 heures, une patrouille de 3 cavaliers français, dont un officier du 11ème Régiment de Chasseurs, s’avance en éclaireur dans le village. La bonne du prieuré les aperçoit et en avertit M. Amory. Celui-ci, s’étant assuré du fait, va à la cuisine où les Allemands sont encore attablés. Il avance doucement du côté des fusils, puis les rassemble dans ses bras et les emporte. Cependant, il a été aperçu, plusieurs cuisiniers se sont levés pour les lui disputer, mais ils ont affaire à un hercule de cent kilos. M. Amory les enferme et brise les crosses des fusils. Les Chasseurs sont avertis et n’ont plus qu’à faire prisonniers les Allemands. Ceux-ci, les mains liées derrière le dos, sont emmenés à Vic-sur-Aisne poursuivis par les huées des habitants de Vingré.

Carte postale "La Grande Guerre 1914-1915" intitulée "Vingré près Vic-sur-Aisne - Les ruines de la ferme  et le tombeau de la famille Amory qui fut fusillée par les Allemands"

Dans la nuit du 19 au 20 septembre, les Allemands forcent les lignes françaises et cernent le prieuré. A 5 heures du matin, les Allemands incendient la grange de l’extérieur. M. Amory qui s’en aperçoit envoie sa femme Jeanne et ses deux enfants, Léopold 9 ans et Pierre 13 mois, chercher refuge à la bouverie située dans les bâtiments opposés au feu. Puis il détache les chevaux.

A peine arrivée à la bouverie, Mme Amory épouvantée jette un cri à son mari. Au même instant, elle tombe foudroyée par une balle tirée du jardin. M. Amory qui a tout entendu accourt à l’aide. Une balle dans le dos puis une autre à la tête l’abattent sous les yeux de ses enfants et des domestiques terrifiés.

Les Allemands envahissent la cour défendue par une trentaine de soldats du 298ème de ligne. Le lieutenant français et l’officier allemand s’entretuent à coups de révolver. Les soldats français sont tués ou fait prisonniers. Les deux enfants et les domestiques sont emmenés dans une tranchée allemande. Une sentinelle les gardera sans soin ni nourriture et sous la mitraille jusqu’au lendemain soir. Le bébé de treize mois meurt de froid et de faim. 

La tombe familiale est toujours visible et entretenue par les descendants.

Pierre tombale
"298e, 328e et 42e R.I.
A la mémoire
de la famille Amaury-Lecareux,
fusillée par les Allemands
le 20 septembre 1914,
et de leur fils,
mort de faim et de froid."
 
Monsieur Amory a volontiers accepté de se déplacer vers ce lieu de recueillement pour immortaliser la pose de ce panneau explicatif renouvelé en septembre 2016.

Le monument aux morts-calvaire du cimetière de Nouvron-Vingré, refait en 2017 à l'identique, avec ses plaques citant 2 des 3 membres de la famille Amory.

Les anciennes plaques du monument aux morts du cimetière de Nouvron-Vingré
(placées sur le mur d'entrée) : la plaque des civils citant Jeanne Lecareux, épouse Amory)

Les anciennes plaques du monument aux morts du cimetière de Nouvron-Vingré
(placées sur le mur d'entrée) : la plaque des militaires citant M. Léopold Amory)

Le monument aux morts de Nouvron-Vingré, avec ses noms, dont 2 des 3 membres de la famille Amory.

Les noms inscrits sur le monument au morts de la commune: les deux faces livrent chacune les noms retrouvés sur  le monument- calvaire du cimetière, Léopold Amory et Jeanne Lecareux, épouse Amory.

Fiche Mémoire des Hommes de Alfred Léopold Eugène,
'mort pour la France le 20 septembre 1914 à Nouvron-Vingré (Aisne, tué par les Allemands"
 
 La tombe familiale a fait l'objet de pélerinage dès la guerre.

Carte postale "La Grande Guerre 1914-1917" intitulée "Vingré près Vic-sur-Aisne - Tombeau de la famille Amory fusillée par les Allemands"

[nb: de nombreuses cartes postales écrites et postées existent]

Photographie de septembre 1915 de l'album personnel du soldat E. Brincourt,
légendée "au fermier Amory, à sa femme, fusillés par les Allemands le 20 septembre 1914,
à leur fils mort de froid et de faim" (archives de la Somme)

Photographie de septembre 1915 de l'album personnel du soldat E. Brincourt,
légendée "Tombe du fermier Amory, Vingré" (archives de la Somme)

Photographie de 1916 de l'album personnel du S/Lt Pierre Eugène Cognet du 16° Régiment d'Artillerie, légendée "La ferme Amaury incendiée par les Allemands" (archives de la Loire )

Photographie de 1916 de l'album personnel du S/Lt Pierre Eugène Cognet du 16° Régiment d'Artillerie, légendée "La tombe des fermiers fusillés" (archives de la Loire ) avec l'indication supérieure fournie dans un panneau complémentaire "ils n'ont pas voulu servir le café aux Allemands".

 

La ferme d'avant-guerre à nos jours

Avant guerre, elle verouillait le plateau (ici une vue de 1914)...

...en 1914,  subit des attaques allemandes (ici le 20 septembre 1914)...

..puis permettait aux soldats français un abri intéressant...

... en décembre 1914,elle se montre enruinesaux yeux de Julien Tinayre pour ses dessins "Ferme de Confrécourt"  (27 décembre 1914) exposés à l'Association (droits réservés)...

...en 1918, elle ornait L'illustration (dessin d'André Merlin en 1917)...

... en 1917, elle servait de thème aux cartes postales "Grande Guerre 1914-1916"...


... aujourd'hui, entretenue par l'Association...

... ses ruines constituent une étape de la visite...

 

 

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